Japanese Psyche
« L'art agit avant tout sur l'âme et donne forme à la structure spirituelle de l'homme. Le poète est un homme qui a l'imagination et la psychologie d'un enfant. Sa perception du monde est immédiate, quelles que soient les idées qu'il peut en avoir. Autrement dit, il ne « décrit » pas le monde, il le découvre. » Andreï Tarkovski
mardi 28 décembre 2010
vendredi 29 octobre 2010
Lenny/Bob Fosse-par K

S'inscrivant dans la lignée de la Nouvelle Vague américaine, Lenny est un constat noir de l'hypocrisie morale et sociale de l'Amérique des années 50-60.
Dans un très beau noir et blanc, Bob Fosse retrace la vie de Lenny Bruce, comique américain plusieurs fois traduit en justice au motif de l'obscénité de ses prestations. Le fil conducteur de ce film est une série d'entretiens avec les proches de Lenny Bruce, dont les souvenirs renvoient à des scènes de vie, sketches, solitudes, procès, imagerie de l'Amérique de l'époque sur fond de Miles Davis post-hard bop.
Le film repose sur l'injustice des traitements infligés à Lenny Bruce du début de sa carrière au jour de sa mort, mettant en exergue la banalisation de cette soit-disante obscénité, qui fit de Bruce un objet de scandale.
Dans ses prestations, Bruce s'amusait à désacraliser les mots et les tabous d'une Amérique bridée.
De « nigger » à « cocksucker », il poussait le spectateur à se débarrasser d'une honte qu'il jugeait absurde. Des arrestations faisaient suite à ses shows de manière récurrente.
En parallèle à ce pugilat contre la pruderie américaine, c'est une fresque de cette Amérique underground des cabarets et de la dope, de la poursuite de la gloire et des amours effritées par les désillusions. Lenny Bruce épouse Honey Harlow, strip-teaseuse aux cheveux d'ange. Ensemble, ils montent un duo et partent pour une conquête de l'ouest troublée par la drogue et la course aux cachets.
Dustin Hoffman offre une interprétation à couper le souffle, et Valérie Perrine est une Honey Harlow sublime, touchante lorsque l'on perçoit ses regrets, et fanée par la fatalité.
mardi 12 octobre 2010
On The Waterfront/Elia Kazan-par K.

Elia Kazan est une figure majeure du cinéma américain. Fondateur de l'Actors Studio, il est également le père d'une filmographie parsemée de chefs d'œuvres (Splendor in the Grass, Panic in the Streets, A Streetcar Named Desire etc.)
On The Waterfront (Sur les Quais) a été tourné en 1954. Ce film a rencontré un vif succès, et remporté de nombreuses récompenses lors de sa sortie.
Kazan y offre un regard sur la situation difficile de dockers new-yorkais en conflit avec leur syndicat corrompu, retrouvant la noirceur de Panic in the Streets (Panique dans la Rue).Terry Malloy, incarné par un Marlon Brando stupéfiant, (il remporte d'ailleurs un Oscar pour ce rôle), se retrouve impliqué dans le meurtre du frère d'Eddie Doyle, son amie. Ce dernier allait en effet dénoncer les pratiques peu glorieuses du syndicat des dockers. Eddie, ignorant tout du rôle de Terry dans ce crime, le sollicite pour rendre justice à son frère. Le regretté Karl Malden y interprète Père Barry .
Brando nous fait ressentir la honte, la peur, la lâcheté se terrant en chacun de nous, mais le courage triomphe dans une scène magistrale, qui célèbre la fraternité. Les docks deviennent le pouls de l'humanité.
Les thèmes de la dénonciation, de la corruption d'une organisation, peuvent trouver un écho dans la vie de Kazan, dans ses regrets, notamment au sujet de l'épisode qui fit de lui un traître aux heures noires du maccarthysme. Kazan avance de très légitimes motifs à ce sujet dans le très beau livre d'entretiens par Michel Ciment, Kazan/Losey entretiens (2009, Stock), nous apprenant une fois de plus à voir les choses sous un angle différent.
Car c'est là tout le talent de Kazan. Ne jamais porter son regard là où l'on s'y attend. Dans ses films, un coupable sera humain avant d'être vil, de même que sous l'apparence de la beauté et de la bonté peuvent frémir les plus sombres faiblesses de l'homme.
Winter's Going/Bonnie Dobson-par K.
C'est sur l'excellente compilation « The Trip, curated by Jarvis Cocker et Steve Mackey », sortie en 2006.
Quelle est cette voix? Hantée, je suis hantée par cette musique, par ce timbre, par cette colère.
Bonnie Dobson, l'auteur de Morning Dew reprises par Lee Hazelood, Tim Rose, The Grateful Dead pour ne citer qu'eux, est une chanteuse folk canadienne dont le talent est très peu reconnu.
Winter's going, dernier titre de l'album Bonnie Dobson paru en 1969, est un complainte nostalgique « i cannot rid myself of old memories, winter's going and the leaves turn green ». Hantée... "young woman's crying in a soft spring light"...La peur « someone will come and where will i hide », la colère « you said you'd come back and i believed ».
Attention! L'intensité progressive de cette chanson conduit à un cruel état de grâce.
Quelle est cette voix? Hantée, je suis hantée par cette musique, par ce timbre, par cette colère.
Bonnie Dobson, l'auteur de Morning Dew reprises par Lee Hazelood, Tim Rose, The Grateful Dead pour ne citer qu'eux, est une chanteuse folk canadienne dont le talent est très peu reconnu.
Winter's going, dernier titre de l'album Bonnie Dobson paru en 1969, est un complainte nostalgique « i cannot rid myself of old memories, winter's going and the leaves turn green ». Hantée... "young woman's crying in a soft spring light"...La peur « someone will come and where will i hide », la colère « you said you'd come back and i believed ».
Attention! L'intensité progressive de cette chanson conduit à un cruel état de grâce.
Opening Night/John Cassavetes-par K.

La vie d'une femme est une route semée de ces embuches que l'on appelle contradictions.
Vieillir/séduire « sont des mots qui vont très bien ensemble » selon le genre auquel la formule s'applique.
Ce sentiment qu'une femme se disant heureuse ferme forcément les yeux sur quelque cruelle vérité ne me quitte pas. Ce sentiment qu'une femme qui aime sa vie est simplement blottie dans une sorte de résignation aveugle ne me quitte pas. Mais qu'advient-il si une telle résignation est récusée, si les yeux sont grand ouverts sur la condition féminine?
Gena Rowlands incarne ces femmes qui ont un jour refusé de se mentir, et qui, sous le poids insoutenable de la vérité, sombrent, seules.
Dans Opening Night, Myrtle Gordon (Gena Rowlands) est la vedette non-consentante d'une nouvelle pièce, dans laquelle elle incarne une femme vieillissante. Ce rôle, elle le refuse viscéralement, par peur de voir sa jeunesse s'évanouir dans le regard des autres comme dans le sien propre.
Cassavetes filme Rowlands sans concessions, il filme la Femme dans tout ce qu'elle peut avoir de brut, de sauvage, de douloureux. Gena Rowlands est saisissante, capitaine trop ivre d'un vaisseau s'échouant avec fracas sur d'inévitables récifs. Les personnages qui l'entourent sont autant de miroirs. Manny (Ben Gazzara), Maurice (John Cassavetes), se font à la fois les témoins impuissants d'un effondrement et les auteurs de sentences assassines. Les propensions destructrices de Myrtle finiront-elles par faire tomber le rideau pour de bon? La possibilité d'une ovation ultime et salvatrice peut-elle exister?
Écrit et réalisé par John Cassavetes en 1977, Opening Night consacra une fois de plus Gena Rowlands au 28ème Festival du Film De Berlin en lui attribuant un Ours d'argent pour le rôle de Myrtle Gordon.
Le cinéma de Cassavetes est présenté comme précurseur américain de la liberté de l'acteur, et personne n'a aussi bien filmé le désarroi, dans ce qu'il a de cru mais aussi de touchant. Il y a une telle humanité dans les sentiments exprimés dans ses films, les interprétations des acteurs étant époustouflantes de vérité.
lundi 11 octobre 2010
My own private O.S.T-par K.



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15 titres écoutés en boucle, past-present-future
Le Chasseur-Michel Delpech
Petite Fille Du Soleil-Christophe
Safe From Harm-Massive Attack
Nothing Else-Archive
Wolf At The Door-Radiohead
Roads-Portishead
Axis: Bold As Love-Jimi Hendrix
La Montagne-Jean Ferrat
I can't never go home anymore-Shangri-Las
Waterloo Sunset-Kinks
My Body Is A Cage-Arcade Fire
The Lady With The Braid-Dory Previn
Cottonflower-Moriarty
She's so heavy-The Beatles
Ball and Chain-Janis Joplin
15 films de ma vie-par K.


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Pour moi, le cinéma, c'était Arte. Du fin fond de ma campagne, il n'y avait guère que le Cinémobile qui me permettait de voir des films. Le Cinémobile est une chose assez incroyable. Il s'agit d'un camion qui se démonte sur la place d'un village. Tous les premiers lundis du mois, on pouvait de gaver de blockbusters douteux, blottis sur les quelques sièges du camion... Puis à Paris, j'ai pu découvrir un certain nombre de classiques grâce au loueur de dvd de mon quartier. J'ai découvert alors Antonioni, Fellini, Scorcese, Lynch, je passais des nuits à plonger dans leurs univers. Je ressentais sans pouvoir mettre de mots sur ce qui m'arrivait, je connaissais très peu de personnes qui avaient cette curiosité. Puis j'ai rencontré de vrais cinéphiles, et tout a commencé. Depuis quelques années, j'ai vu un tas de films, ma préférence allant au cinéma des années 50. Les écrins qui ont vu grandir ma passion sont ces petites salles obscures parisiennes qui proposent de vrais bijoux sur toile et dont nous reparlerons. Faire une liste de 15 films est difficile car le cinéma fourmille de chefs d'œuvres plus saisissants les uns que les autres. Mais voici dans les grandes lignes les films qui me font aimer le cinéma.
Pierrot Le Fou- Jean-Luc Godard
Persona- Ingmar Bergman
Le Miroir- Andreï Tarkovski
Cheyenne Autumn- John Ford
2001: a space odyssey- Stanley Kubrick
Vertigo- Alfred Hitchock
La Verité- Henri-Georges Clouzot
Ordet- Carl Th. Dreyer
A Woman Under The Influence- John Cassavetes
Splendor in The Grass- Elia Kazan
Amer Beton- Michael Arias
Lola Montes- Max Ophuls
The Visitors- Elia Kazan
Die Busche der Pandora- Georg Wilhelm Pabst
The Red Shoes- Michael Powell
Le Miroir- Scene 1 Take 1
Le Miroir se veut un condensé de nos découvertes cinématographiques, musicales, poétiques, ainsi qu'un lieu de débat et de décryptage des articles relatifs aux œuvres que nous avons vu.
Le Miroir est un lieu de partage et d'ouverture. Aussi, nous vous permettrons de découvrir de grands classiques autant que des sorties récentes.
Du cinéma de Dreyer à l'essor du cinéma coréen, de Timi Yuro à Radiohead, de Jane Austen à J.G. Ballard, de nombreux genres seront abordés afin que chacun puisse retrouver ses propres coups de cœurs dans nos chroniques.
Le Miroir n'a d'autres prétentions que l'expression de nos ressentis, devant ces passions pour lesquelles nous pourrions tout sacrifier. C'est un hommage au cinéma, à la musique, à tout ce que le monde a de poétique.
Bienvenue à tous.
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