
La vie d'une femme est une route semée de ces embuches que l'on appelle contradictions.
Vieillir/séduire « sont des mots qui vont très bien ensemble » selon le genre auquel la formule s'applique.
Ce sentiment qu'une femme se disant heureuse ferme forcément les yeux sur quelque cruelle vérité ne me quitte pas. Ce sentiment qu'une femme qui aime sa vie est simplement blottie dans une sorte de résignation aveugle ne me quitte pas. Mais qu'advient-il si une telle résignation est récusée, si les yeux sont grand ouverts sur la condition féminine?
Gena Rowlands incarne ces femmes qui ont un jour refusé de se mentir, et qui, sous le poids insoutenable de la vérité, sombrent, seules.
Dans Opening Night, Myrtle Gordon (Gena Rowlands) est la vedette non-consentante d'une nouvelle pièce, dans laquelle elle incarne une femme vieillissante. Ce rôle, elle le refuse viscéralement, par peur de voir sa jeunesse s'évanouir dans le regard des autres comme dans le sien propre.
Cassavetes filme Rowlands sans concessions, il filme la Femme dans tout ce qu'elle peut avoir de brut, de sauvage, de douloureux. Gena Rowlands est saisissante, capitaine trop ivre d'un vaisseau s'échouant avec fracas sur d'inévitables récifs. Les personnages qui l'entourent sont autant de miroirs. Manny (Ben Gazzara), Maurice (John Cassavetes), se font à la fois les témoins impuissants d'un effondrement et les auteurs de sentences assassines. Les propensions destructrices de Myrtle finiront-elles par faire tomber le rideau pour de bon? La possibilité d'une ovation ultime et salvatrice peut-elle exister?
Écrit et réalisé par John Cassavetes en 1977, Opening Night consacra une fois de plus Gena Rowlands au 28ème Festival du Film De Berlin en lui attribuant un Ours d'argent pour le rôle de Myrtle Gordon.
Le cinéma de Cassavetes est présenté comme précurseur américain de la liberté de l'acteur, et personne n'a aussi bien filmé le désarroi, dans ce qu'il a de cru mais aussi de touchant. Il y a une telle humanité dans les sentiments exprimés dans ses films, les interprétations des acteurs étant époustouflantes de vérité.
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