« L'art agit avant tout sur l'âme et donne forme à la structure spirituelle de l'homme. Le poète est un homme qui a l'imagination et la psychologie d'un enfant. Sa perception du monde est immédiate, quelles que soient les idées qu'il peut en avoir. Autrement dit, il ne « décrit » pas le monde, il le découvre. » Andreï Tarkovski



mardi 12 octobre 2010

On The Waterfront/Elia Kazan-par K.



Elia Kazan est une figure majeure du cinéma américain. Fondateur de l'Actors Studio, il est également le père d'une filmographie parsemée de chefs d'œuvres (Splendor in the Grass, Panic in the Streets, A Streetcar Named Desire etc.)

On The Waterfront (Sur les Quais) a été tourné en 1954. Ce film a rencontré un vif succès, et remporté de nombreuses récompenses lors de sa sortie.

Kazan y offre un regard sur la situation difficile de dockers new-yorkais en conflit avec leur syndicat corrompu, retrouvant la noirceur de Panic in the Streets (Panique dans la Rue).Terry Malloy, incarné par un Marlon Brando stupéfiant, (il remporte d'ailleurs un Oscar pour ce rôle), se retrouve impliqué dans le meurtre du frère d'Eddie Doyle, son amie. Ce dernier allait en effet dénoncer les pratiques peu glorieuses du syndicat des dockers. Eddie, ignorant tout du rôle de Terry dans ce crime, le sollicite pour rendre justice à son frère. Le regretté Karl Malden y interprète Père Barry .
Brando nous fait ressentir la honte, la peur, la lâcheté se terrant en chacun de nous, mais le courage triomphe dans une scène magistrale, qui célèbre la fraternité. Les docks deviennent le pouls de l'humanité.

Les thèmes de la dénonciation, de la corruption d'une organisation, peuvent trouver un écho dans la vie de Kazan, dans ses regrets, notamment au sujet de l'épisode qui fit de lui un traître aux heures noires du maccarthysme. Kazan avance de très légitimes motifs à ce sujet dans le très beau livre d'entretiens par Michel Ciment, Kazan/Losey entretiens (2009, Stock), nous apprenant une fois de plus à voir les choses sous un angle différent.

Car c'est là tout le talent de Kazan. Ne jamais porter son regard là où l'on s'y attend. Dans ses films, un coupable sera humain avant d'être vil, de même que sous l'apparence de la beauté et de la bonté peuvent frémir les plus sombres faiblesses de l'homme.

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