
S'inscrivant dans la lignée de la Nouvelle Vague américaine, Lenny est un constat noir de l'hypocrisie morale et sociale de l'Amérique des années 50-60.
Dans un très beau noir et blanc, Bob Fosse retrace la vie de Lenny Bruce, comique américain plusieurs fois traduit en justice au motif de l'obscénité de ses prestations. Le fil conducteur de ce film est une série d'entretiens avec les proches de Lenny Bruce, dont les souvenirs renvoient à des scènes de vie, sketches, solitudes, procès, imagerie de l'Amérique de l'époque sur fond de Miles Davis post-hard bop.
Le film repose sur l'injustice des traitements infligés à Lenny Bruce du début de sa carrière au jour de sa mort, mettant en exergue la banalisation de cette soit-disante obscénité, qui fit de Bruce un objet de scandale.
Dans ses prestations, Bruce s'amusait à désacraliser les mots et les tabous d'une Amérique bridée.
De « nigger » à « cocksucker », il poussait le spectateur à se débarrasser d'une honte qu'il jugeait absurde. Des arrestations faisaient suite à ses shows de manière récurrente.
En parallèle à ce pugilat contre la pruderie américaine, c'est une fresque de cette Amérique underground des cabarets et de la dope, de la poursuite de la gloire et des amours effritées par les désillusions. Lenny Bruce épouse Honey Harlow, strip-teaseuse aux cheveux d'ange. Ensemble, ils montent un duo et partent pour une conquête de l'ouest troublée par la drogue et la course aux cachets.
Dustin Hoffman offre une interprétation à couper le souffle, et Valérie Perrine est une Honey Harlow sublime, touchante lorsque l'on perçoit ses regrets, et fanée par la fatalité.